
Au cimetière naturel de Souché, les défunts reposent au cœur des herbes folles
septembre 9, 2019Depuis 2014, un lieu unique en son genre a vu le jour à Niort (Deux-Sèvres) : un cimetière naturel. Dans cette nécropole, pas de plaque, ni de granit mais des herbes folles et des essences végétales. Même dans la mort, le respect de l’environnement à sa place.
Herbes folles, verdure, haies, essences végétales… Le cimetière naturel de Souché, un quartier de Niort (Deux-Sèvres), créé en 2014, propose une alternative aux nécropoles classiques. L’objectif ? Réduire au maximum l’empreinte écologique, et placer la nature au centre du lieu. Une première en France.
Une charte d’inhumation contraignante
Pour pouvoir reposer dans ce « jardin », plusieurs conditions sont à respecter. « Les inhumations se font en pleine terre, sans caveau, explique Pascale Joguet, directrice de l’accueil et formalité citoyenne, en charge des cimetières pour la ville de Niort. Le cercueil ou l’urne sont en matière biodégradable (bois, carton), sans vernis ni poignées en cuivre. » Le défunt doit être habillé en matière naturelle (lin, coton, chanvre), sans soins de thanatopraxie ou presque. « Ce sont des soins de présentation, les plus légers possible, uniquement pour le temps de la visite du cercueil », assure Marc Thébault, premier adjoint au maire de Niort.
Des plantations sont possibles, si elles respectent la liste d’essences de la charte. En revanche, les fleurs artificielles sont proscrites. Ici, vous ne trouverez pas non plus de plaque ni de granit, mais des stèles, discrètes, en pierre de calcaire. Après l’inhumation, l’espace concédé est recouvert de broyat, et la famille peut y planter les végétaux autorisés. « Les gens qui choisissent ce cimetière sont convaincus par la démarche. La famille et les pompes funèbres s’engagent à respecter cette charte », insiste la directrice.
L’objectif n’est pas de remplir le parc de 4 000 m2, qui va subir une extension semblable prochainement. « Notre volonté est que le parc reste un endroit de recueillement et de promenade. C’est un lieu où l’on peut vivre », glisse l’élu. Les 107 défunts reposent dans trois espaces distincts : le cinéraire d’un côté, le funéraire de l’autre, et au milieu le jardin du souvenir où sont dispersées les cendres et où seule une feuille en laiton suspendue à un arbre métallique, matérialise le disparu.
Une volonté municipale
« L’agglomération de Niort regroupe 12 cimetières, il était donc possible de diversifier notre offre avec ce parc naturel qui est dans l’air du temps », développe Marc Thébault. La Ville s’inscrit dans un programme global ayant pour but d’enherber tous ses cimetières. À terme, il s’agit de faire évoluer les mentalités. « C’est difficile à expliquer, notamment aux personnes âgées, qui parfois trouvent qu’il n’est pas normal d’avoir des herbes folles dans les cimetières », confie-t-il.
Des grands-parents venus visiter leur petite fille confient : « Nous, on n’aime pas trop, on ne peut pas mettre des fleurs comme on veut. On aurait préféré un cimetière classique mais c’est la maman qui a décidé. »
Le prix d’une concession, pour 15 ou 30 ans, est identique à un cimetière classique, mais il n’est pas possible de réserver à l’avance. « On ne peut reposer ici que si on habite ou décède à Niort ou si la famille a déjà une concession », ajoute Pascale Joguet.
En cinq ans d’existence, le cimetière a suscité l’intérêt des promeneurs, curieux et autres collectivités locales. « On a eu énormément de sollicitations de communes qui voulaient faire quelque chose de semblable », témoigne Marc Thébault. Très prochainement, la mairie de Paris devrait ouvrir un lieu identique à Ivry (Val-de-Marne).